Le rôle du conseiller pédagogique au collégial

Il ressort des descriptions officielles de leur fonction que les conseillers pédagogiques, tous ordres d’enseignement confondus, exercent leur activité à la fois auprès du personnel cadre et du personnel enseignant des établissements scolaires, parfois également auprès du personnel professionnel. Ils agissent en tant que consultants, animateurs, coordonnateurs, chercheurs, évaluateurs, développeurs… comme on peut le déduire de la description de la fonction sur le site Mon emploi (2003, données de Emploi-Québec (GRICS, 2001)) et dans la Classification nationale des professions (Développement des ressources humaines Canada (DRHC, 2001)).

Selon Emploi Québec, la personne conseillère pédagogique est celle qui «renseigne et conseille la direction et le personnel enseignant des établissements scolaires sur les programmes d’enseignement, l’organisation des cours et le choix des méthodes d’enseignement et du matériel scolaire. Elle s’occupe, entre autres, de l’évaluation continue des programmes et méthodes, du perfectionnement du personnel enseignant et des rencontres avec celui-ci. Elle veille à apporter tout le soutien nécessaire au personnel enseignant et s’efforce d’être à l’affût des changements et innovations pédagogiques afin de favoriser le développement et la qualité de l’enseignement». (GRICS, 2001)

Selon la Classification nationale des professions, les conseillères et conseillers pédagogiques appartiennent à la profession « Agents/agentes de programmes, recherchistes et experts-conseils/expertes-conseils en politiques de l’enseignement » (DRHC, 2001). Cette classification propose divers exemples d’appellation pour l’emploi, entre autres : agent de politiques d’enseignement, agent de programmes d’enseignement, conseiller pédagogique, coordonnateur de l’éducation spécialisée, de programmes d’enseignement ou de programmes d’extension des services éducationnels, élaborateur de programmes d’études, planificateur de programmes d’études, recherchiste en enseignement et superviseur de politiques d’enseignement. Ces personnes exercent une partie ou l’ensemble des fonctions suivantes :
o « Effectuer des recherches, rédiger des rapports et des politiques, et gérer des programmes d’éducation;
o Évaluer les programmes d’étude et recommander des améliorations
o Déterminer la structure, le contenu et les objectifs des nouveaux programmes
o Effectuer des analyses statistiques en vue de déterminer les coûts et l’efficacité des politiques et des programmes d’éducation
o Fournir des services permanents de perfectionnement professionnel, de formation et de consultation aux enseignants et aux autres professionnels dans l’ensemble des secteurs public et privé
o Élaborer le matériel d’enseignement et d’autres ressources en vue de l’enseignement
o Faire des exposés lors de congrès, d’ateliers et de colloques
o Surveiller, s’il y a lieu, le travail d’autres agents de programmes, recherchistes et experts-conseils en politiques de l’enseignement
o Administrer, s’il y a lieu, des programmes de tests et d’évaluation
spécialisés. » (DRHC, 2001)

Ces données concernent tous les ordres d’enseignement comme nous l’avons dit précédemment. Ce qui suit précise la description de la fonction à l’ordre collégial. Le système de classification des emplois des collèges (CPNC, 1989, 2000) regroupe dans la catégorie de professionnels, des emplois qui exigent normalement un diplôme universitaire terminal de premier cycle. La « définition de l’emploi-type de professionnel », décrit les tâches de cette personne ainsi : elle est chargée de réaliser des objectifs, des politiques et des programmes définis par le collège selon certains standards, en ayant le choix des moyens, des méthodes et des processus d’intervention. Pour ce faire, elle conseille le personnel cadre concerné par le secteur d’activités où elle œuvre, elle peut être appelée à participer à des études ou des travaux à l’intérieur d’équipes multidisciplinaires et elle coordonne et participe aux travaux menant à la réalisation des programmes d’activités dont elle est chargée.

La fonction de conseillère ou de conseiller pédagogique au collégial
Les conseillères et les conseillers pédagogiques sont chargés plus spécifiquement de « fonctions de conseil, d’animation, de support et de rétroaction auprès du personnel cadre responsable des services d’enseignement, auprès des enseignants et des autres professionnels. Ces fonctions s’exercent relativement aux dimensions suivantes :
o l’implantation, la coordination, le développement et l’évaluation des programmes d’enseignement ;
o l’organisation scolaire ;
o la recherche ;
o le support et l’animation pédagogique et andragogique ;
o le choix et l’utilisation des méthodes, des techniques et du matériel didactique ;
o la reconnaissance des acquis ;
o les applications pédagogiques de l’ordinateur » (CPNC, 2000, p. 14-15).

Le Plan de classification mentionne également quelques attributions caractéristiques de la fonction. L’ensemble de la description (deux pages) n’a pas changé depuis plusieurs années. En effet, on trouve une description identique dans le Plan de classification de 1989 (CPNC, 1989).

En somme, le conseiller pédagogique du collégial est un « consultant interne » (Denis & Ducharme, 1988; Pratte, 2001), lié à un établissement ; cela le distingue des conseillers pédagogiques aux ordres primaire et secondaire. « Cette institution [le collège] s’attend à ce qu’il endosse ses finalités, orientations et pratiques et qu’il fasse la promotion de celles-ci. Il doit respecter des règles et des procédures, travailler à l’intérieur de contraintes particulières et répondre à des commandes institutionnelles ou ministérielles » (Pratte, 2001, p. 32). C’est aussi un consultant dédié à un vaste domaine, c’est-à-dire tout ce qui touche l’enseignement et l’apprentissage dans un collège. Ajoutons que, « dans le domaine de la pédagogie collégiale, il existe peu d’expertise écrite6 sur laquelle baser son action et la conseillère ou le conseiller pédagogique doit souvent s’engager dans des démarches caractérisées par l’urgence, l’innovation, le risque et l’incertitude » (Pratte, 2001).

(L’auteure veut parler d’une base de connaissances validées, diffusée dans des écrits professionnels ou scientifiques.)

Ces descriptions s’avèrent très larges, suffisamment pour justifier une attribution de tâches qui laisse place à une grande variation du niveau de responsabilités (de l’influence au contrôle et au choix des orientations), du contrôle exercé sur d’autres membres du personnel (du soutien à l’évaluation), de l’autonomie ou du contrôle exercé sur son propre travail (de l’autonomie complète à une étroite supervision), du domaine d’intervention (des technologies à la pédagogie), des tâches assumées (de la consultation à la rédaction de politiques), etc. Ce caractère large et vague a pu laisser l’impression que les conseillères et les conseillers pédagogiques constituent une catégorie de personnel polyvalent, toujours prêt à répondre à des besoins de tous ordres (Laliberté, 1995b) et ouvrir possiblement la porte aux modifications fréquentes des tâches attribuées à ces personnes sans qu’elles puissent exercer le contrôle désiré sur l’évolution de leur fonction.

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